14 septembre 2006

Les solutions proposées

4.1 - Mise en place d'une cellule de crise

Cet été, la démolition des bancs du square Ghesquière -qui a causé un déplacement de la principale bande d'alcooliques de rue vers la place Sébastopol - a montré que le phénomène de l'alcoolisme de rue dans le secteur Solférino-Gambetta ne peut être géré uniquement par des mesures dissuasives.Il s'agit, nous en sommes persuadés, un problême complexe qui exige, pour sa résolution, une politique volontariste de la part de la municipalité. Par la nature même d'une dépendance qui dicte bon nombre de leurs comportements, les alcooliques qui se rassemblent dans notre quartier restent trop peu de temps dans des structures comme celle de l'ABEJ, où la boisson n'est pas autorisée, pour qu'un véritable suivi puisse être établi.

Nous pensons que la municipalité doit créer une équipe de travailleurs sociaux et de professionnels de la santé qui recense les differents membres du groupe, fasse l'inventaire de leurs besoins respectifs -médicaux et sociaux- puis entame un travail de fond en vue de leur réinsertion. Nous sommes persuadés que bon nombres de personnes qui gravitent autour du “noyau dur” du groupe d'alcooliques de rue peut être réinséré et resocialisés relativement rapidement, pourvu qu'on se donne les moyens de les aider.

Dans la mesure où ces personnes ne vont pas vers les services sociaux, il faut créer une dynamique inverse et aller vers eux.

4.2 - Vers un developpement durable de l'environnement humain

Durant cette étude et la réflexion qui l'a accompagnée, nous avons été frappé de voir qu'à une époque où on parle beaucoup de devellopement durable, rien n'a été pensé concernant l'installation de l'ABEJ. En régle général, il est vrai, l'implantation de structures d'aide aux sans abris, aux toxicomanes ou à d'autres populations souffrant de pathologies urbaines provoquent l'inquiètude des riverains. Dans le cas de l'ABEJ, toutes ces craintes ont été confirmées. La municipalité n'a pas songé à mettre en place la moindre mesure qui aurait permis d'assurer la tranquilité des habitants du quartier. Les responsables de l'ABEJ n'ont, de leur côté, rien fait - à leur arrivée - pour anticiper les troubles de voisinages dont leur activité pouvait être la cause. A aucun moment on n'a tenu compte de l'environnement humain.

L'installation de l'ABEJ rue Solférino semble n'avoir été motivé que par un effet d'annonce et une bien pensance déterminée par une représentation stéréotypée de la misère dans les médias. On allait installer "les pauvres" chez "les riches". les propos tenus ou les commentaires relayés aux médias par les responsables de cette association, qui font référence aux "vieilles dames pincées", au quartier "trop chic", à la rue "pimpante", aux voisins "nantis" le montre bien.
L'association des riverains de la rue Solférino est favorable à l'existence de l'ABEJ et a toujours reconnu l'importance de sa mission. Toutefois, elle a souligné les nombreux disfonctionnements qui ont entraîné une dégradation de la qualité de vie des habitants du quartier.

Elle pense que l'ABEJ doit soit se voir attribuer de nouveaux locaux ayant une capacité d'accueil suffisante pour que cette association puisse y mener de front toutes ses activités, soit fragmenter ses activités et les répartir entre plusieurs locaux de plus petite capacité qui cibleraient chacun une population différente de Sans Domiciles Fixe: la cohabitation d'alcooliques de rue, de toxicomanes, de migrants en situation irrégulière ou de personnes issues du quart monde est une source de tensions et de conflits qui dégénèrent régulièrement en affrontements et en violentes bagarres. Des structures de petite tailles s'integreraient sans doute mieux dans les quartiers.

Au dela de l'ABEJ, ce sont toutes les association qui travaillent sur le problême de la grande pauvreté et de l'alcoolisme qui doivent être soutenues par les pouvoirs publics, notamment en leur apportant les moyens financiers à la hauteur de l'ampleur des problêmes auxquelles elles sont confrontées.

Notre étude nous a persuadé que l'implantation croissante des Hard Discounter va se traduire dans les années qui viennent par un accroissement des pathologies liées à l'alcoolisme et par un coût énorme en terme de santé publique. Plus que jamais, un travail de prévention s'impose.

4.3 - Sensibiliser les habitants du quartier

Afin de permettre une meilleure compréhension de l'alcoolisme de rue dans le quartier et permettre une mobilisation des habitants, l'association des amis de la rue Solférino doit faire un effort de pédagogie visant à diffuser les informations contenues dans le présent rapport par divers moyens. D'une part en contactant les médias, d'autre part par la tenue d'un stand d'information sur le marché de la place Sébastopol, enfin par le biais d'un site internet permettant de toucher le plus grand nombre.

4.4 – améliorer l'hygiène publique

Nous l'avons vu, il se consomme dans les rue du quartier 1000 litres de boissons alcoolisées en 16 jours, pendant la période hivernale. Ce millier de litres, il faut bien qu'il soit également uriné à un moment ou à un autre, et il est la cause du problême d'hygiène que nous avons évoqué maintes fois au cours de ce rapport. L'association des amis de la rue Solférino a demandé à plusieurs reprises, et redemande l'installation d'urinoirs publics, un aux abords du théâtre sébastopol et un autre à proximité de la station de métro République, l'un comme l'autre à des endroits qui servent déjà, de toute façon, de pissoirs. Si la municipalité s'abrite derrière les “problêmes” que causaient les anciens urinoirs, nous pensons que des vespasiennes bien entretenues poseraient moins de problêmes que leur absence actuelle. La municipalité a déclaré qu'elle allait faire un appel d'offre pour l'installation de sanisettes publiques. Pour l'instant, le dossier semble au point mort. Le retard la municipalité semble plus motivé par la volonté de protéger le monopole d'une entreprise de mobilier urbain qui fait payer plus cher le droit de faire ses besoins à l'abris des regards que LIDL ne vend le demi litre de bière...
Les vespasiennes, c'est comme la méthode syllabique: parfois, c'était mieux avant. Les problêmes d'hygiène dans le quartier le confirme...

4.5 - Restituer l'espace public aux citoyens

Le fait qu'en conséquence du comportement d'un petit nombre de personnes présentant des pathologies alcooliques, des personnes agées, des enfants, des mères de familles qui veulent prendre l'air ne puissent plus avoir librement et en toute sécurité l'accès à l'espace public est une forme d'exclusion intolérable, même si ces exclusions là sont moins visibles que d'autres. Coeur discret de notre quartier, la place du théâtre Sébastopol doit être restituée à la collectivité. Nous pensons qu'il est nécessaire qu'il existe un espace préservé dans notre quartier aussi longtemps que la municipalité n'aura pas résolu le problême du rassemblement des alcooliques de rue et tant que fonctionnera l'ABEJ.

L'association des amis de la rue Solférino demande à la municipalité de passer un arrêté municipal interdisant la consommation d'alcool sur la place sébastopol de 08h00 à 21h00, ce qui correspond aux heures d'ouvertures des superettes, de LIDL et de l'ABEJ. Ceci permettrait la ventilation des alcooliques de rue en ville et permettrait aux citoyens de jouïr d'un espace de détente et de convivialité.

4.6 - Accroître la vigilance policière pendant les moments “sensibles”.

Accroitre la présence policière ne veut pas dire procéder à des contrôles d'identité; il suffirait simplement que des agents se montrent régulièrement.
Nous avons constaté qu'il existe deux moments particulièrement sensibles concernant la consommation d'alcool dans le quartier: la semaine qui suit l'arrivée du RMI et, concernant la laverie, les dimanches où le gérant est moins présent et où le seul commerce où les alcooliques de rue peuvent se procurer de l'alcool est situé juste en face.
Durant ces périodes, nous pensons que la présence du groupe dans l'escalier de la station de métro République constitue un moindre mal pour les riverains, aussi nous déconseillons que la police chasse les alcooliques de cet endroit, une surveillance accrue serait toutefois nécessaire.
Nous pensons que le week end, tout doit être fait pour décourager les alcooliques de rue de rester en permanence à la laverie. Ici encore, laisser le groupe s'installer à la sortie de la station république serait un moindre mal pour les riverains. En semaine, nous avons conseillé au gérant de n'ouvrir qu'à neuf heure, ainsi les alcooliques de rue iraient s'installer ailleur; de toute façon, leur présence matinale a découragé la plupart ders clients...

4-7 - Mise en place de réunions de concertation

Lors de notre enquête, nous avons été surpris de découvrir au travers de nos entretiens avec différents acteurs de la vie du quartier que la municipalité avait déjà été interpellée au sujet de l'alcoolisme de rue par l'Union Commerciale Gambetta et par les riverains. Nous recommandons que des réunions régulières concernant le problême de l'alcoolisme soient tenues qui associent aussi bien l'UCG, l'association des Amis de la rue Gambetta que l'ABEJ, d'autres partenaires spécialisés dans le problême de l'alcoologie et des élus ayant un pouvoir de décision. Les riverains doivent être tenu au courant des progrès réalisés par la municipalité dans la résolution de ce problême.

Aucun commentaire: