14 septembre 2006

Les facteurs qui fragilisent le quartier

Aujourd'hui, le secteur Solférino-Gambetta est devenu le point d'encrage durable de nombreux alcooliques de rue. Plus que de la seule présence de l'ABEJ ou de LIDL, le quartier souffre d'une série de facteurs défavorables qui le rendait plus susceptible que d'autres aux problêmes auxquels nous sommes aujourd'hui confrontés. Passer en revue ces différents facteurs peut nous permettre d'élaborer des stratégies plus dissuasives que coercitives pour y porter remède.

3.1 - Des commerces ouverts toute la semaine

Le quartier compte actuellement 7 supermarchés, superettes et petits détaillants qui permettent aux alcooliques de se ravitailler en alcool sept jours sur sept et jusque tard le soir, de sorte que le quartier ne connait pas de répit.

  • Match, 97 rue Solférino
  • Spar, Place Sébastopol
  • Marché Plus, 73 rue Léon Gambetta
  • LIDL, 77 rue Gambetta
  • Primeur Solférino, 200 rue Solférino
  • Au Bon Lait, 34 rue des postes
  • Massena Primeurs, 104 rue masséna

Les supermarchés Spar et Marché Plus sont ouvert le dimanche matin jusque midi. Le petit détaillant Primeur Solférino ouvre ses portes le dimanche matin à onze heure, ce qui explique que la présence d'alcooliques de rue à la Laverie qui est située juste en face. L'été, l'ouverture tardive des petits détaillants est une des raisons pour laquelle les alcooliques de rue s'attardent longtemps sur la place Sébastopol.

3.2 - La présence d'un Hard Discounteur

Les hard discounteurs ont fait de l'alcool à bas prix un produit d'appel et ils permettent aux alcooliques de rue de se procurer de la boisson pour des sommes relativement basses. En nous rendant au Penny Prix Bas du Faubourg d'Arras, nous avons constaté qu'un grand nombre de boites de bières fortes jonchaient le parking du supermarché ainsi que les côtés du passage adjascent qui longe la voie ferrée. Toutefois, hard discounteur ne rime pas systématiquement avec alcoolisme de rue: Lors d'une visite au LIDL proche de la rue du Molinel, nous n'avons pas remarqué de phénomène similaire à celui qui touche le secteur Solférino-Gambetta.

3.3 - Une station de Métro

Une station de métro offre la possibilité pour les alcooliques de rue de s'abriter des intempérie et de se réchauffer. C'est également un lieu de passage favorable à la mendicité. Enfin, c'est un lieu de rassemblement pour des personnes qui se déplacent en transports en commun. Le tandem station de métro – supermarché semble particulièrement propice au developpement de groupes d'indigents: Le supermarché Champion de la rue Gambetta, qui est proche de la station de métro Gambetta, d'un parc public où se trouvent des bancs , et qui possède une galerie marchande où il est possible de s'abriter des intempéries, est lui aussi touché par le problême de la mendicité, toutefois il s'agit le plus souvent d'un groupe de jeunes dans la vingtaine dont la marginalisation s'accompagne d'une dimension politico-anarchiste.

3.4 - La présence de l'ABEJ

L'ABEJ, par la nature même de ses activités, qui consistent à aider les personnes en grande difficultés, attire inévitablement des individus présentant parfois de graves pathologies. Independemment des problêmes causées à son voisinage immédiat sur lesquels nous ne reviendrons pas, les facteurs que nous venons d'énumérer font qu'un certain nombre d'alcooliques de rue ne se ventilent pas à travers la ville mais restent dans le quartier après la fermeture des locaux de l'association.

3.5 - Des espaces publics avec du mobilier urbain

Jusqu'à cet été, la bande d'alcooliques de rue avait tendance à se rassembler sur le petit square Ghesquière, dont nous avons parlé plus haut. Avec la destruction des bancs public, le groupe a “déménagé” sur la place Sébastopol. Les abords du supermarché Match des anciennes Halles, particulièrement face au magasin “Picard” où se trouvent des bancs publics, connait le même phénomène que la place sébastopol.

3.6 - Des parkings

Depuis plusieurs années, les parkings publics ont vu se developper le phénomène de “valets de parking”. Cette pratique consiste pour des personnes à agir comme des placiers en indiquant aux automobilistes où se trouvent des places libres où ils puissent garer leurs voitures. Service non solicité, il repose surtout sur la coercition et la crainte de l'automobiliste s'il refuse de verser une obole de retrouver son véhicule endommagé. Cet été, le parking du théâtre Sébastopol a ainsi été “controlé” par des groupes ethniquement homogène de personnes d'origine étrangères. En général, un ou deux membres du groupe jouaient les “valets de parkings” tandis que six ou sept autres, installés sur les marches latérales du théatre, observaient la scène en consommant des boissons alcoolisées. Si le phénomène disparu de façon générale, il resurgit de façon sporadique.
Le parking du supermarché Match est en Proie au même phénomène. Nous avons également constaté son existence devant le LIDL de la rue du Molinel.

Lorsque les alcooliques de rue ont épuisés leur RMI, la présence d'un parking offre un alibi à la pratique de la mendicité

3.7 - Une rue passante

La rue Gambetta est une rue commerçante où il y a beaucoup de passage, ce quui qui multiplie les possibilités de soliciter une pièce. Notons qu'un grand nombre de distributeurs automatique sont “parrainés” par des mendiants professionnels, apparemment des gens du voyage, qui sont ramassés en voiture tous les soirs; il s'agit moins là d'une mendicité motivée par l'indigence ou une pathologie comme l'alcoolisme que d'une prostitution organisée de la misère et de la dignité humaine. Stratégie atypique toutefois , celle de la “cat connexion” dont le quartier connait un représentant rue Inkermann. Ces européens de l'est, se placent dans des rues moins passantes et se servent de jeunes chats et chatons pour attendrir le quidam. Notons que les animaux passent leurs vies enfermés dans une valisette et que leurs propriétaires s'en débarassent systématiquement lorsqu'ils deviennent trop vieux.

La présence de ces formes de mendicités organisées participent à la création d'un climat qui fait boule de neige et conduit cumuler dans un quartier toutes sortes de pathologies urbaines

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